CNRS alumni, « outil de mémoire et levier d’avenir pour le CNRS »
Depuis janvier 2025, le réseau CNRS alumni fédère toutes celles et ceux qui ont un jour contribué à l’histoire du CNRS. Avec déjà plusieurs centaines de membres, l’initiative entend bien devenir un levier de lien, de rayonnement et d’engagement durable. Entretien avec Guillaume Stahl, délégué général du réseau, aux lendemains de la première Fête des alumni.
Après plusieurs mois d’existence, quel bilan tirez-vous de CNRS alumni ?
Guillaume Stahl : Le réseau CNRS alumni a été lancé début 2025 à l’initiative d’Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, avec une ambition claire : rassembler toutes les personnes ayant travaillé un jour au CNRS – qu’elles aient été personnels administratifs, scientifiques, techniques ou en charge d’une mission d’intérêt – dans le but de maintenir un lien durable avec l’organisme. Ce critère d’appartenance professionnelle était notre socle de départ, avec l’idée de construire une communauté ouverte, interdisciplinaire, internationale et utile.
Aujourd’hui, nous comptons plus de 800 membres, principalement des actifs dans le secteur public et privé, mais également des élus locaux et nationaux, des agents en mobilité, ainsi que des agents actuellement en poste au CNRS, désireux d’échanger et collaborer avec les alumni. Notre premier constat, c’est que l’intérêt est bien présent. Nous avons observé un nombre important d’inscriptions dès le lancement qui vient confirmer le besoin initial : celui de se reconnecter, de partager des expériences, et de valoriser les parcours très diversifiés de nos alumni. Mais très vite, un autre défi est apparu : comment dynamiser cet engagement initial ?
Aujourd’hui, les membres consultent les contenus, mais restent souvent observateurs. Les interactions sur la plateforme, tout comme le nombre d’événements proposés spontanément par les alumni, sont encore limités. Pour nous, l’enjeu est donc clair : stimuler l’engagement et créer des espaces où chacun et chacune peut contribuer, initier, interagir. Nous avons déjà commencé à proposer des formats plus interactifs – cafés alumni, webinaires thématiques, rencontres en présentiel – et nous allons renforcer cette dynamique. Nous souhaitons que la plateforme devienne un lieu vivant, utile, convivial, où il fait bon revenir, échanger, s’inspirer.
Quels sont les objectifs et perspectives du réseau ? Comment comptez-vous renforcer son animation, notamment à l’international et en local ?
G. S. : Notre ambition stratégique est multiple : maintenir un lien durable avec les personnes ayant travaillé au CNRS, constituer un vivier de compétences mobilisables, mais aussi affirmer une influence à la fois scientifique, sociétale et internationale. Dans cette dynamique, un comité stratégique a été constitué, composé à la fois de membres du réseau et de représentants des différentes instances du CNRS. Ce comité joue un rôle clé : il conseille sur les grandes orientations, garantit une stratégie alignée sur les besoins des alumni et les priorités de l’organisme, et favorise une gouvernance partagée.
La dimension internationale est au cœur du projet. Le CNRS est présent dans le monde entier via ses onze bureaux à l’étranger, qui sont des relais naturels pour identifier des communautés d’alumni. Nous travaillons à renforcer nos connexions avec les réseaux diplomatiques, France Alumni, les associations de chercheurs et chercheuses postdoctoraux, et organiser des rencontres dans différents pays. D’ici la fin de l’année, la plateforme sera entièrement disponible en anglais, et nous proposerons des formats spécifiques : portraits d’alumni à l’étranger, vidéos témoignages, webinaires internationaux, etc. D’autre part, sur le plan local, l’ancrage territorial est tout aussi stratégique. Nous avons identifié plusieurs bassins dynamiques en dehors de l’Île-de-France (Lyon, Grenoble, Toulouse, etc.), qui concentrent une forte densité d’alumni, où déployer des actions pilotes : rencontres en présentiel, afterworks, ateliers…
La Fête des alumni, organisée le 26 septembre 2025 au siège du CNRS, a marqué un vrai tournant dans la dynamique du réseau. Une soixantaine de personnes était réunie à cette occasion, mêlant générations et parcours variés. L’après-midi a été rythmé par des témoignages des alumni, des ateliers participatifs pour réfléchir collectivement à l’avenir du réseau et des moments conviviaux notamment autour du cocktail de clôture. Au-delà de l’ambiance chaleureuse, la journée a permis de faire émerger des pistes très concrètes pour renforcer l’animation, structurer des actions en région et à l’international, ou encore favoriser le mentorat. Le compte-rendu des ateliers, partagé en plénière en présence d’Antoine Petit, a confirmé une vraie volonté d’engagement, malgré des agendas souvent chargés. Cette rencontre a posé les bases de nouvelles initiatives, que nous commencerons à mettre en œuvre dès les prochains mois.
En tant qu’alumni vous-même, quel regard personnel portez-vous sur le réseau ?
G. S. : J’ai moi-même fait mes premières années en tant que chercheur avant de poursuivre à l’extérieur, dont à l’étranger. Revenir aujourd’hui pour piloter ce réseau est à la fois un honneur et une responsabilité. Je mesure à quel point un passage au CNRS marque une trajectoire professionnelle – que ce soit pour une thèse, un poste temporaire ou une carrière complète.
Pour beaucoup, le CNRS est une institution fondatrice. Mais une fois qu’on en sort, le lien se distend. C’est précisément ce que CNRS alumni veut éviter. Il s’agit de faire vivre cette appartenance autrement, sur le long terme, et de proposer un espace où cette diversité de parcours soit reconnue, valorisée, mobilisée.
Ma vision est claire : le réseau doit rester souple, à l’écoute, mais aussi utile. Il ne s’agit pas de multiplier les outils ou les messages, mais de proposer des services concrets, des occasions de se retrouver, de se faire connaître, de contribuer. Nous devons rester proches des besoins : accompagner les jeunes scientifiques, proposer des mentors, organiser des tables rondes, renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté scientifique, même en dehors du CNRS.
Je crois aussi à la force des récits : les portraits d’alumni, les histoires de parcours atypiques, les engagements hors du champ académique. Tout cela fait partie de l’ADN du réseau. Notre mission, c’est de mettre ces trajectoires en valeur, de créer des passerelles, et de faire de CNRS alumni non seulement un outil de mémoire, mais un levier d’avenir pour le CNRS.
Le CNRS réunit sa communauté Alumni
Le 26 septembre 2025, une soixantaine d’alumni du CNRS se sont retrouvés à Paris pour une journée riche en échanges, en idées et en convivialité, célébrant les premiers mois d’existence du réseau CNRS alumni. Cette première rencontre a donné un nouvel élan au réseau, né pour partager les parcours, renforcer les liens et faire vivre la communauté des alumni en France et à l’international.