Consultation nationale : les Français montrent leur intérêt pour les sciences

Sociétés

Avec plus de 620 000 votes et 3200 propositions, la consultation nationale menée par le CNRS sur la plateforme Make.org affiche les priorités des Français et Françaises.

« Avec cette démarche rare dans le monde scientifique, le CNRS a renforcé son écoute de la société. », précise Antoine Petit, Président-directeur général de l’organisme. Cette démarche, c’est la consultation nationale lancée du 28 novembre 2024 au 31 janvier 2025 en partenariat avec la plateforme de mobilisation citoyenne Make.org, autour d’une question unique : « Comment les sciences peuvent-elles nous aider à construire le monde de demain ? ».

« Cette consultation a particulièrement intéressé les citoyens et citoyennes. », affirme Axel Dauchez, fondateur de Make.org, qui constate un taux de participation « très élevé ». Elle a rassemblé plus de 3 200 propositions et de 620 000 votes – soit 600 % de l’objectif initial, dépassé en 1 semaine. « Les résultats sont représentatifs en termes de genres, d’âges et de répartition sur le territoire. », détaille t-il. Seule une très forte sur-représentation des Bac+3 et plus est à noter, puisqu’ils représentent 74 % des participants : un biais « classique de ce type de consultation, d’autant plus en ligne et avec un tel sujet ».

Cette participation massive « démontre l’intérêt des Français et Françaises pour les sciences, leur conviction qu’elles sont utiles à la société et leur attachement à la recherche publique », analyse Antoine Petit. C’est en effet le message qui ressort des propositions, que Make.org a rassemblées en 17 idées consensuelles et 3 idées controversées, classées en 4 thèmes (voir la méthodologie en encadré).

La consultation nationale du CNRS a fait émerger 17 idées consensuelles et 3 idées controversées, classées en 4 thèmes. © Make.org

Les idées les plus consensuelles issues de la consultation s’articulent ainsi autour de deux grands volets. D’abord, l’importance des savoirs dans la construction du monde de demain, qui appelle une diffusion large des connaissances et de la culture scientifique. Ce volet rassemble la majorité (60 %) des propositions retenues dans l’analyse, avec une adhésion forte notamment sur le renforcement de la place des scientifiques dans les processus décisionnels et dans les médias, vu comme indispensable. Dans un même souci de lutte contre la désinformation, la formation aux sciences, à la culture scientifique et à l’esprit critique fait consensus, à destination des jeunes générations, mais aussi des étudiants dans les métiers de l’information, de l’enseignement et de la décision publique.

Le second volet porte sur une certaine vision de la recherche, avec des idées autour de l’organisation et des priorités d’une recherche publique au service de la société, où le décloisonnement et le dialogue des sciences sont clés. Plus d’une proposition sur 5 (24 %) porte sur l’organisation d’une recherche publique ambitieuse et indépendante, avec la volonté d’en garantir les financements et les conditions d’exercice pour une recherche durable, efficace et responsable. « Les Français et les Françaises plébiscitent une recherche dont les financements seraient suffisants pour assurer sa durabilité et son attractivité auprès des scientifiques les plus talentueux, et dont la pertinence reposerait sur le décloisonnement et la collaboration entre disciplines. », déchiffre Antoine Petit : « C’est le modèle du CNRS, que nous nous engageons à défendre ».

Comme l’observe Axel Dauchez, « certaines propositions viennent sans doute du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. Mais le système de votes et nos campagnes de communication – notamment sur les réseaux sociaux – nous assurent que chaque proposition a été votée par un large public au-delà de ce monde-ci. »

Au sein de ce second volet, environ une proposition sur 6 (16 %) précise aussi des thèmes prioritaires à explorer. La recherche publique doit, selon les participants à la consultation, se mettre particulièrement au service de trois enjeux sociétaux… qui figurent parmi les axes stratégiques du CNRS : la lutte pour la préservation de l’environnement et des ressources, l’amélioration de la santé du vivant en général et de la santé humaine en particulier, et l’encadrement de l’intelligence artificielle.

« Les résultats de cette consultation confortent la raison d’être, la singularité comme l’ambition du CNRS de mettre toutes les sciences en synergie au service des défis de la société et d’œuvrer activement au partage des savoirs. », résume Antoine Petit. « À la lumière du contexte géopolitique actuel – compliqué, incertain et menaçant pour les sciences –, ils enjoignent le CNRS à réaffirmer fortement cette ambition, et à renforcer ses efforts dans la diffusion des connaissances et de la culture scientifique. »

Une méthodologie éprouvée

Pour identifier les idées plébiscitées et controversées mises en avant par les citoyens et citoyennes ayant participé à la consultation nationale, les équipes de Make.org s’appuient sur les votes et regardent en priorité les propositions les mieux votées. Les propositions similaires sont ensuite rassemblées en « idée ». « La consultation nationale menée par le CNRS est globalement peu controversée : nous avons pu identifier 17 idées plébiscitées et 3 idées controversées, sur la base de 3224 propositions déposées par les Français et Françaises. », détaille Axel Dauchez.