Intelligence artificielle : les préconisations du G6
Les six principaux organismes de recherche européens, regroupés au sein du réseau G6 – CNR (Italie), CNRS (France), CSIC (Espagne), Helmholtz Association, Leibniz Association et Max Planck Society (Allemagne) – représentant 135 000 collaborateurs, ont publié une déclaration commune appelant à une stratégie européenne ambitieuse pour l’intelligence artificielle au service de la science.
Dans cette déclaration, le G6 salue l’initiative de la Commission européenne visant à élaborer une stratégie ambitieuse pour l’intelligence artificielle (IA) au service de la science (“AI in Science”). Dans le prolongement du AI Continent Plan lancé en avril et qui doit faire de l’Union européenne un chef de file mondial en matière d’IA, et au regard des récentes publications de la Commission (voir encadré), les signataires indiquent que l’Europe doit continuer à développer une politique de recherche et d’innovation en matière d’IA, en lien avec ses valeurs et les besoins de l’ensemble des disciplines scientifiques.
L’IA européenne au service de la science
L’Union européenne a adopté en février 2024 l’AI Act, sa première grande loi sur l’intelligence artificielle. Elle classe les systèmes d’IA selon leur niveau de risque, et impose des règles plus strictes pour les usages sensibles. Pour la recherche, des exceptions sont prévues : les laboratoires peuvent tester des IA plus librement tant qu’elles ne sont pas mises sur le marché.
En avril 2025, la Commission a lancé un plan d’action pour faire de l’Europe un continent leader en intelligence artificielle (AI Continent Plan). Il prévoit plus de coopération entre chercheurs, entreprises et institutions. Des “AI Factories”, dont fait partie la française AI2F (porté par GENCI associé notamment au CNRS), vont aider à créer et tester des technologies IA. Enfin, un rapport publié en juin recommande aux pays européens de mieux intégrer l’IA dans la recherche : en formant les scientifiques, en partageant les outils et en facilitant le travail en réseau.
Le G6 souligne l’importance d’investir massivement dans la recherche fondamentale en IA, pilier de toute innovation future, tout en favorisant le développement d’infrastructures partagées, la mobilité des talents, et la création de plateformes interdisciplinaires associant acteurs académiques et industriels. Il appelle à la mise en place de standards communs en matière d’éthique, de gouvernance des données et d’impact environnemental, afin de garantir un développement responsable et souverain de l’IA en Europe. Ces priorités doivent, selon le G6, s’accompagner d’un soutien fort à la formation, à la coopération internationale et à la valorisation des résultats scientifiques, pour faire de l’IA un moteur de compétitivité et de progrès au service de la société.
Avec cette déclaration, le G6 réaffirme son engagement à contribuer activement à la réflexion et à l’action collective, afin que l’IA bénéficie à l’ensemble des disciplines et participe pleinement à la résolution des grands défis contemporains.
Des exemples à suivre
Le G6 liste également un ensemble d’infrastructures et dispositifs déjà présents au sein des organismes de recherche qui compose ce réseau. Le centre AISSAI (IA pour la science et science pour l’IA), qui favorise la collaboration interdisciplinaire entre des experts en IA et des scientifiques issus de tous les domaines, place le CNRS comme leader européen de l’IA au service de la science. L’organisme héberge aussi Jean Zay, l’un des supercalculateurs dédiés à l'IA les plus puissants de l'Union européenne : celui-ci soutient chaque année plus de 1 400 projets dans des domaines allant de la recherche sur le cancer aux simulations climatiques.