Le réchauffement climatique n’est pas une « arnaque ». C’est un fait
Face à la nouvelle négation du changement climatique par Donald Trump, les scientifiques du CNRS réagissent en rappelant les faits et les leviers d’action pour enrayer cette crise planétaire.
Ce 23 septembre 2025, lors d’une allocution devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président étatsunien Donald Trump a déclaré que le changement climatique était « la plus grande arnaque jamais menée contre le monde ». Il n’a pas manqué de traiter aussi la communauté scientifique travaillant dans le domaine de « personnes stupides » qui auraient fait des prévisions qui se seraient avérées fausses.
Il convient de réaffirmer ici les faits établis au-delà de tout doute raisonnable. Car contrairement aux affirmations du président américain, le changement climatique n’est pas une « escroquerie » mais une réalité mesurée.
Ainsi, l’existence d’un réchauffement climatique rapide est avérée depuis le début de la révolution industrielle, et notamment depuis les années 1970 marquées par une forte accélération des émissions de gaz à effet de serre. Les réseaux d’observation des températures montrent incontestablement un réchauffement global de l’ordre de 1.2°C depuis la période de référence 1850-1900 sur quasiment toutes les régions du globe. La plus récente estimation nous indique qu’en 2024, le réchauffement dû aux activités humaines a atteint + 1,36°C, soit une augmentation d'environ 0,27°C par décennie au cours des dix dernières années (2015-2024). Il est aujourd’hui certain que la température moyenne globale actuelle est la plus élevée en plus de 100 000 ans.
Parallèlement, les effets de ce réchauffement global sur l’occurrence de certains événements extrêmes - vagues de chaleur, précipitations intenses, augmentation du niveau des mers liée à la fonte de glaciers (que chacun peut facilement constater) - ont été prédits depuis longtemps et se réalisent aujourd’hui comme annoncés. Dans ce contexte, au sein du CNRS, l’Institut national des sciences de l’Univers (INSU) fait lui aussi le constat sans équivoque d’un changement climatique rapide, généralisé, délétère et qui s’accélère.
Ce constat s’impose au fil de ses recherches sur les mécanismes encore partiellement inconnus qui sous-tendent la machine climatique, en opérant avec ses partenaires les plus grands modèles de climat (dont les sorties viennent directement alimenter les conclusions du GIEC), en labélisant les services nationaux d’observation qui permettent de suivre l’état de nos environnements, de nos océans, des surfaces glacées, de l’atmosphère, des versants montagneux.
Parallèlement, il est également établi que ce changement climatique peut être limité. Les milliers de publications scientifiques résumées dans le dernier rapport du GIEC montrent notamment que la température moyenne globale peut être rapidement stabilisée lorsque les émissions nettes de CO2 sont réduites à zéro.
Si aujourd’hui nous sommes encore loin d’une telle réduction des émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre, ce constat scientifique clair et incontestable implique qu’il n’est pas trop tard pour agir et limiter le changement climatique et que l’humanité peut encore inverser la trajectoire. Ainsi le GIEC précise que « limiter le réchauffement à 1,5 °C est encore possible, mais cela nécessite des réductions rapides, profondes et soutenues des émissions de gaz à effet de serre ». Concrètement, cela signifie réduire d’environ 43 % les émissions mondiales de CO₂ d’ici 2030 par rapport à 2019 et atteindre le zéro émission nette vers 2050. Chaque dixième de degré évité compte, car : « chaque augmentation supplémentaire du réchauffement accroît les risques pour la santé, les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, l’approvisionnement en eau et le développement économique ». Nier la science, c’est condamner nos économies à subir des chocs plus violents, des pertes d’emplois durables, une insécurité croissante mais c’est aussi réduire la faisabilité des trajectoires soutenables et augmenter les coûts futurs pour l’ensemble des sociétés.
Dans ce contexte mais aussi parce que l’adaptation aux changements en cours est déjà indispensable, nous restons pleinement mobilisés au côté de l’ensemble de la société et de ses élus et singulièrement des acteurs territoriaux au travers des observatoires des sciences de l’Univers pour relever ces défis.
Auteurs :
- Nicolas Arnaud, directeur de l’Institut national des Sciences de l’Univers du CNRS – CNRS Terre & Univers
- Jean-François Doussin, directeur de recherche au CNRS, directeur adjoint de l’Institut national des Sciences de l’Univers du CNRS – CNRS Terre & Univers
- Gerhard Krinner, directeur de recherche au CNRS, délégué scientifique en charge des recherches climatiques auprès de la direction de l’Institut national des Sciences de l’Univers du CNRS – CNRS Terre & Univers