Recherche participative : deux projets du CNRS récompensés
Les deux projets lauréats du Prix de la recherche participative 2025, « Vigie-Ciel » et « Considérer l’hospitalité des centres d’hébergement », sont co-portés par le CNRS.
Aux sciences, citoyens ! L’édition 2025 du Prix de la recherche participative a récompensé deux projets pour leurs démarches associant citoyens, collectifs et scientifiques dans la production de connaissances. Aux côtés d’autres organismes de recherche, collectivités, fondations et structures de formation, le CNRS est impliqué dans ces deux projets.
La « diversité thématique, institutionnelle et géographique [des projets candidats] confirme la place croissante de la participation citoyenne dans la fabrique des savoirs ou innovations et dans la structuration des politiques publiques », se réjouit INRAE, qui organise ces prix à la demande du ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
La fascination des météorites
Invité à remettre le prix de la catégorie « Recueil citoyen » au projet Vigie-Ciel1 , le président-directeur général du CNRS Antoine Petit a salué un « programme pionnier de sciences participatives […] impliquant la coordination fine de parties prenantes multiples et hétérogènes, au service de l’avancée du programme et de la production de connaissances nouvelles ». Ce projet mobilise les citoyens et astronomes amateurs pour signaler des phénomènes lumineux, rechercher des météorites et identifier des cratères. Il a notamment permis de retrouver en 2023 deux nouvelles météorites en France.
« La fascination exercée par les étoiles filantes et les pierres tombées du ciel sont au cœur du projet. », détaillent les lauréates Brigitte Zanda et Asma Steinhausser2 , pour qui « sans la démarche participative incluant toutes les parties prenantes (habitants, amateurs, médiateurs scientifiques, chercheurs, élus…) il n’y aurait pratiquement pas de nouvelles météorites françaises dans les institutions de recherche et de conservation ». Différents protocoles, destinés à différents publics (néophytes ou amateurs), permettent une participation sur le terrain ou en ligne, et ont été coconstruits avec des partenaires de la société civile et des citoyens participant aux programmes.
- 1 MNHN, Sorbonne Université, CNRS, OFB, IRD.
- 2Brigitte Zanda est coordinatrice des projets FRIPON et Vigie-Ciel, enseignante-chercheuse à l’Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie (CNRS/MNHN/Sorbonne Université). Asma Steinhausser est coordinatrice des projets Vigie-Ciel et Vigie-Terre.
Le jury a, pour sa part, souligné « la richesse des formes d’engagement, l’esprit de partage, la qualité du processus participatif et la création d’une véritable communauté », ainsi que des résultats « à la fois scientifiques (publications, données inédites sur les météorites) et sociétaux (réappropriation du ciel, appui à une réflexion législative, usages pédagogiques) ».
Une démarche de co-enquête
Dans la catégorie « Co-construction », c’est le projet « Considérer l’hospitalité des centres d’hébergement » qui a été retenu. Co-porté1 lui aussi par le CNRS, ce projet de recherche participative rassemble des scientifiques, travailleurs sociaux et personnes ayant connu l’hébergement social, au sein du collectif Soif de connaissances créé en 2015.
« Profondément ancré dans une démarche de co-enquête et de co-formation » selon le jury, il « valorise la non-hiérarchisation des savoirs » entre les différents participants, avec pour objectif d’interroger la notion de « prêt/pas prêt » à sortir de l’hébergement. Toutes les étapes de la recherche – questions de recherche, méthode d’enquête, recueil des données, analyse des résultats, co-écriture d’un ouvrage, valorisation des résultats – ont ainsi été conduites collectivement, à partir des expériences et des savoirs des chercheurs et non-chercheurs – citoyens, professionnels et personnes concernées.
« La reconnaissance des savoirs issus de l’expérience est au cœur du dispositif, qui propose également des recommandations pratiques intégrées dans des politiques publiques. », expliquent Gabriel Uribelarrea et Julien Lévy, coporteurs du projet et de de la chaire PUBLICS des politiques sociales du Laboratoire Pacte2 : « La co-écriture et la valorisation collective du projet ont permis un véritable changement de posture des participants, renforçant leur pouvoir d’agir et leur légitimité dans les sphères professionnelles et citoyennes. » Un travail qui va se poursuivre dans le cadre du dispositif SOSI DACCORD de CNRS Sciences humaines & sociales, un dispositif d’analyse et de collaboration continue avec les ressortissants des politiques sociales sur l’accès aux droits et les solidarités.
- 1 Université Grenoble Alpes, CNRS, Sciences Po Grenoble ; Fondation de l’Université Grenoble Alpes ; Fondation pour le Logement des défavorisés ; Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités Auvergne-Rhône-Alpes ; Ocellia ; Fédération des acteurs de la solidarité Auvergne-Rhône-Alpes ; Métropole du Grand Lyon.
- 2Université Grenoble Alpes/CNRS/Sciences Po Grenoble.