Trois choses à savoir sur les aliments ultratransformés

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Les aliments ultratransformés contiennent typiquement plus de cinq ingrédients, parmi lesquels des ingrédients transformés de façon industrielle comme les graisses hydrogénées ou de l’amidon modifié, mais aussi des substances qui donnent à ces aliments leur texture ou leur couleur, comme des colorants ou des émulsifiants. Une nouvelle étude scientifique montre que, au-delà de leur effet sur la prise de poids et le métabolisme, ils sont également responsables d’une baisse de la qualité des spermatozoïdes. Romain Barrès, chercheur en métabolisme et nutrition au CNRS, récapitule trois choses à savoir sur les aliments ultratransformés.

Le danger des aliments ultratransformés n’est pas exclusivement l’excès calorique

De nombreuses études ont montré que la consommation d’aliments ultratransformés est associée à un excès de prise calorique. Dans le cadre de notre étude, nous avons donné à des participants jeunes et en bonne santé deux régimes : un régime ultratransformé et un régime non transformé, à quantité de calories égales. Bilan : en trois semaines, par rapport au régime non transformé, le régime ultratransformé conduit à une prise d’un kilo de masse grasse, malgré les quantités de calories égales entre les régimes.

Plusieurs raisons expliquent la nocivité des aliments ultra-transformés

Les aliments ultratransformés s’absorbent rapidement et la quantité d’énergie qui passe dans l’organisme est stockée au lieu d’être répartie tout au long de la journée. Ensuite, les aliments ultratransformés contiennent des nutriments connus comme mauvais pour la santé métabolique et reproductive, comme les acides gras saturés ou le sucre raffiné. Enfin, ces aliments ultratransformés contiennent des substances non nutritionnelles qui peuvent être nocives, notamment des polluants qui peuvent agir comme des perturbateurs endocriniens.

Les aliments ultra-transformés ont des effets sur le système reproducteur masculin

Après trois semaines d’un régime ultratransformé, de nombreuses hormones sont dérégulées, notamment des hormones sexuelles comme la testostérone. Nous avons également constaté une baisse de la mobilité des spermatozoïdes quand le régime est fourni en excès de calories, ainsi que la présence d’un type de phtalate, le cx-MINP, connu comme étant un perturbateur endocrinien.
L’étude a été réalisée sur une quarantaine de jeunes hommes en bonne santé. Tout porte à croire que nous pourrions généraliser nos résultats à l’ensemble de la population, cependant on ne peut pas savoir quelle sera la magnitude des réponses chez les femmes ou dans des populations plus jeunes ou plus âgées.

Romain Barrès est chercheur en métabolisme et nutrition, directeur de recherche CNRS à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire (IPMC) de Valbonne. Il a dirigé l’étude sur les effets de l’alimentation ultra-transformée, publiée dans la revue Cell Metabolism.

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