Supercalculateur Jean Zay : la France multiplie par 4 les ressources scientifiques en IA

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  • La quatrième extension du supercalculateur Jean Zay multiplie sa puissance de calcul par 4, ce qui en fait l’un des supercalculateurs les plus puissants et le plus utilisé en France et en Europe dans le domaine de l’intelligence artificielle.
  • Ces nouvelles capacités seront utilisées pour des applications scientifiques et industrielles stratégiques.
  • D’innombrables domaines de recherche et d’innovation pourront bénéficier gratuitement au titre de la recherche ouverte de cette puissance accrue : recherche biomédicale, analyse de données astronomiques, conduite autonome, conception de nouveaux matériaux, nouvelles énergies, agriculture, aide à la décision, culture, etc.

125,9 millions de milliards d’opérations par seconde, c’est ce qu’est aujourd’hui capable de faire le supercalculateur Jean Zay suite à sa nouvelle extension, qui a multiplié sa puissance de calcul par 4. Hébergé et opéré par l’Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (Idris) du CNRS, ce supercalculateur acquis par GENCI (Grand équipement national de calcul intensif) est ainsi devenu l’un des plus puissants superordinateurs de France. L’inauguration officielle de cette extension, qui avait été annoncée par le Président de la République, se déroule le mardi 13 mai 2025.

Le supercalculateur Jean Zay a été mis en service en 2019. Il a remplacé son prédécesseur Turing en multipliant par 10 sa puissance de calcul. Afin de répondre aux besoins croissants de la communauté en intelligence artificielle, il a par la suite intégré des extensions successives qui ont amélioré ses performances et ses fonctionnalités. La quatrième a été annoncée en juin 2023 par le Président de la République Emmanuel Macron lors du salon VivaTech. 

Acquise par GENCI au terme d’une procédure de dialogue compétitif auprès du constructeur européen Eviden, Jean Zay 4 dispose désormais de 125,9 pétaflops de puissance de calcul 64 bits, ce qui correspond à 125,9 millions de milliards d’opérations par seconde. Si l’ensemble de l’humanité comptait au rythme d’une opération par seconde, il lui faudrait 182 jours pour calculer ce que la supercalculateur Jean Zay calcule en une seconde. Les capacités de stockage du supercalculateur ont également été accrues pour atteindre de l’ordre de 100 pétaoctets.

Plusieurs milliers de projets de recherche ont déjà utilisé gratuitement les ressources de Jean Zay, d’où l’importance des ressources de Jean Zay 4 pour les équipes de recherche académiques, les startups et les grandes entreprises. Certains projets sont très emblématiques et bénéficient d’une renommée internationale. Pour illustrer cet engouement, trois projets scientifiques seront présentés lors de l’inauguration :

  • Polymathic, le projet de François Lanusse, chercheur CNRS au laboratoire Astrophysique, Instrumentation, Modélisation (CNRS/CEA), applique les technologies d’apprentissage profond et d’IA générative aux observations astronomiques de l’Univers à grande échelle ; 

  • Le projet de la startup Owkin porté par Jean-Baptiste Schiratti, ingénieur de recherche, vise à développer des modèles IA plus robustes et plus généralisables pour la détection des pathologies : il s’agit en particuluer de mieux démêler le contenu sémantique et la texture dans les images issues de microscopes;

  • Le projet de la startup Pleias est porté par son co-fondateur, Pierre-Carl Langlais. Il propose une application améliorée des grands modèles de langage, hors-ligne et avec une traçabilité des sources d’informations compatible avec le nouvel AI Act européen.

Cette version du supercalculateur Jean Zay aux capacités démultipliées a été produite par le constructeur français et européen Eviden (Groupe Athos). Outre sa puissance de calcul convergée HPC / IA1 , Jean Zay figure parmi les supercalculateurs les plus éco-efficaces en Europe grâce aux processeurs graphiques (GPU) fournis par Nvidia et au refroidissement nouvelle génération par eau tiède proposé par Eviden. De plus, la chaleur résiduelle de l’installation est récupérée pour chauffer l’équivalent de 1500 foyers sur le plateau de Saclay. 

Des milliers de projets pourront bénéficier gratuitement au titre de la recherche ouverte de ce nouvel outil : traitement des langues, informatique multimodale, recherche biomédicale, physique fondamentale, climatologie, nouveaux matériaux et nouvelles énergies, véhicules autonomes, aide à la décision, agriculture, culture... Tous ces champs profiteront des possibilités offertes par le supercalculateur, en particulier pour l’entraînement, la spécialisation ou l’inférence de modèles d’IA de fondation. 

Levier d’accélération de la puissance française et européenne en matière d’intelligence artificielle, le supercalculateur Jean Zay, grâce au support constant et exceptionnel des équipes techniques, a vu multiplier par 20 en 5 ans le nombre annuel de projets en IA retenus, passant de 72 en 2019 à plus de 1400 en 2024. Il s’agit de l’une des machines qui a le plus de succès en Europe dans le domaine de l’IA. 

Jean Zay constituera aussi un élément essentiel de la future AI Factory France, projet européen, qui sera bientôt lui aussi célébré, associant GENCI, le CNRS, Inria, le CEA, l’AMIAD, le CINES, France Universités, les neuf IA Clusters, French Tech, le HubFranceIA et Station-F. Ce projet vise à offrir des services d’infrastructures de calcul, de support, de formation, d’enseignement et d’expertise à la communauté IA française et européenne. 

Enfin, comme un clin d’œil ou une mise en abyme, le design innovant de Jean Zay 4 a été réalisé par Obvious, un collectif français reconnu internationalement, qui réalise des œuvres d’art en utilisant les technologies de l’IA. 

Cette inauguration se déroulera en présence d’Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, de Philippe Lavocat, président-directeur général de GENCI, de Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’Investissement, de Jean-Luc Moullet, directeur général pour la recherche et l’innovation au sein du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et d’Hélène Mouchard-Zay, fille de Jean Zay. À cette occasion, Antoine Petit déclare :

« Je suis fier d’inaugurer la nouvelle extension de Jean Zay, fleuron des supercalculateurs français. La France a besoin de cette machine innovante, à la pointe des dernières avancées en IA pour répondre aux grands défis scientifiques. Et c’est avec détermination que le CNRS y mobilise depuis 2018 ses équipes afin d’offrir des capacités et services de calcul à l’ensemble de la communauté nationale. »

Philippe Lavocat souligne par ailleurs :

« L’extension de Jean Zay 4 va redonner de l'énergie à tous les chercheurs académiques et industriels qui développent des compétences dans le développement de l'intelligence artificielle, pour résoudre de grands défis scientifiques et sociétaux, à l'aide notamment des modèles de l'IA générative. Notre pari était double : disposer d’une machine puissante et technologiquement avancée et miser sur la ressource humaine dans le support aux utilisateurs. Réussir ce pari est un atout très fort dans la mise en réseau avec les machines européennes.  Jean Zay 4 répondant à un enjeu de souveraineté nationale, l'union à l’échelle européenne de nos forces en IA peut encore faire la différence grâce à l'énorme potentiel de nos experts dans ce domaine. »

À propos de Jean Zay

C'est en hommage à Jean Zay et à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire du CNRS, en 2019, que le supercalculateur a été nommé. Ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-arts entre juin 1936 et septembre 1939, Jean Zay a été assassiné le 20 juin 1944 par la Milice. Ayant sous sa responsabilité le sous-secrétariat d'État à la recherche, occupé par Irène Joliot-Curie (de juin à septembre 1936) puis par Jean Perrin, il prépare avec ce dernier toutes les étapes qui conduisent à la création du CNRS le 19 octobre 1939. Jean Zay est entré au Panthéon le 27 mai 2015.

  • 1Puissance de calcul bénéficiant de la convergence entre les techniques traditionnelles de calcul haute performance et celles de l’IA (CNRS/Obs. de Paris/Sorbonne Université) et du Centre de recherche astrophysique de Lyon (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard).

Contact

Maxime Flouriot
Presse CNRS
Nicolas Belot
Responsable communication GENCI