
Une étude bouleverse les idées reçues sur la domination des mâles chez les primates
Selon une nouvelle étude scientifique, les conflits entre mâles et femelles sont très fréquents chez les primates et représentent plus de la moitié des conflits. Le sexe vainqueur des affrontements varie considérablement d’une espèce à l’autre 1 Une dominance stricte (plus de 90% d’affrontements remportés) des mâles et inversement, n’est observée que dans moins de 20 % des populations étudiées. Menés par des chercheuses et chercheurs du CNRS 2 en collaboration avec des équipes en Allemagne, ces résultats sont à retrouver semaine du 7 juillet dans la revue PNAS.
- 11 – Chez les lémuriens, les femelles dominent souvent. Chez les babouins et les chimpanzés, ce sont les mâles qui occupent le haut de la hiérarchie. Chez d’autres espèces comme les bonobos et de nombreux singes sud-américains, la situation est plus équilibrée, avec des femelles gagnant, en moyenne, 40 à 80 % des conflits intersexuels, selon les populations.
- 22 - Travaillant Travaillant à l’Institut des Sciences de l'Évolution de Montpellier (CNRS/IRD/Université Montpellier.
Si les connaissances autour du spectre de la dominance des femelles chez certaines espèces de primates remontent aux années 1960, les travaux quantifiant précisément le degré de dominance d’un sexe sur l’autre faisaient défaut. Une équipe de scientifiques a ainsi rassemblé des données issues de 253 populations représentant 121 espèces de primates afin d’étudier les confrontations entre les mâles et femelles. Elle a également analysé les contextes dans lesquels l’un ou l’autre a tendance à dominer.
Les scientifiques ont ensuite testé cinq hypothèses évolutives afin de comprendre ces rapports de pouvoir. Les femelles ont tendance à dominer au sein des espèces 1 où elles exercent un fort contrôle sur leur reproduction. Leur dominance est aussi plus fréquente dans les sociétés marquées par une forte compétition entre femelles, ou lorsque les affrontements entre les deux sexes comportent moins de risques pour les petits. À l’inverse, la dominance des mâles s’observe surtout au sein des espèces 2 où ils disposent d’une nette supériorité physique sur les femelles.
Ces résultats montrent qu’il n’existe pas de modèle unique pour expliquer les rapports de pouvoir dans les sociétés primates et offrent ainsi de nouvelles pistes pour comprendre l’origine de l’évolution des rôles des genres masculins et féminins dans les premières sociétés humaines.
The evolution of male-female dominance relations in primate societies. Elise Huchard, Peter M. Kappeler, Nikolaos Smit, Claudia Fichtel, Dieter Lukas. PNAS, le 7 juillet 2025.
DOI : https://doi.org/10.1073/pnas.2500405122