Apprentissage de la lecture : des inégalités marquées en outre-mer

Innovation

Une étude menée par une équipe de chercheurs et chercheuses du CNRS et d’Aix-Marseille Université1  en collaboration avec l’académie de Martinique met en lumière une réalité déjà largement documentée par des rapports, notamment celui du CESE en 2024, mais très peu étudiée sous le prisme scientifique. Près de la moitié des enfants en Martinique sont exposés à des risques de retard de lecture, avec des erreurs trois fois plus fréquentes que celles de leurs camarades dans l’hexagone. Cette étude est publiée le 22 mai dans la revue International Journal of Educational Development.

  • 1Travaillant au « Laboratoire parole et langage (Aix-Marseille Université/CNRS) » et au « Centre de recherche en psychologie et neurosciences (Aix-Marseille Université/CNRS) »

L'étude révèle également une corrélation entre ces premiers résultats et la faible exposition des élèves ultramarins à l'écrit et à la lecture dans leur environnement familial2

Les scientifiques ont utilisé le DEM-test (Dénomination de chiffres) sur 399 élèves martiniquais de 6 à 11 ans. Ce test mesure la rapidité et la précision de l'exploration visuelle, sans dépendre des capacités phonétiques. Ils ont ensuite évalué leurs compétences en lecture avec le test de l'Alouette, qui consiste à lire à voix haute un texte volontairement complexe, afin de mobiliser différentes stratégies de lecture. Facile et rapide à mettre en place, le DEM-test pourrait devenir un moyen de dépister les élèves à risques.

Sur la base de recherches scientifiques et d’une évaluation interne, l’académie de Martinique a développé des dispositifs d’accompagnement des élèves et de professeurs dans les écoles pour une meilleure maîtrise du français dès l’école primaire qui ont déjà porté leurs fruits. C’est le cas en particulier du programme 100% lecteurs qui vise à prévenir l’illettrisme et de la formation j’enseigne au CP qui a pour objectif de renforcer l’expertise des enseignants dans cette classe stratégique.

  • 2Les scientifiques attribuent cette faible exposition à un manque de ressources financières et aux différences entre la langue de scolarisation, le Français, et la langue maternelle, le Créole.
Bibliographie

Children in French overseas departments are at a 3-fold increased risk of developing reading problems. Ducrot, S., Persia-Leibnitz, L., Vernet, M., Brossette, B., Prugnières, C., & Grainger, J. International Journal of Educational Development115, le xx mai 2025.

DOI : 10.1016/j.ijedudev.2025.103277

Contact

DUCROT Stéphanie
Chercheuse CNRS
Augustin Baudier
Attaché de presse CNRS stagiaire